Association Martiniquaise des Amis des Volcans Verts de la Caraïbe

Ce circuit se situe sur une coulée de lave massive du Morne Bigot. Agrémenté de points de vue, il nous offre un panorama volcanique des autres volcans de la région et permet de découvrir des végétaux de la sous-unité 3..



Circuit Grand-Anse / Cap Salomon


Présentation

A Grande Anse, passer devant le restaurant Ti Sable (35 Allée des Raisiniers). Au niveau de la 3ème villa sur la gauche, prendre le sentier à droite. Au premier embranchement prendre à gauche vers Cap Salomon. Le retour se fait par la côte et s'achève par l'escalier en bois qui retourne sur la route. Le circuit forme une boucle d'environ 3 km.


Arrêts :

Les coulées d’andésite du Morne Pavillon constituent le soubassement de toute la Presqu’île du Sud-Ouest. Ce volcan massif visible depuis la plaine du Lamentin est facilement repérable grâce à la grosse boule de Météo France. Il a fonctionné jusqu’à 8 millions d’années. De 8 millions à 3 millions d’années, la région a bénéficié d’un repos volcanique. A partir de 3 millions d’années, l’activité reprend au Sud-Ouest et uniquement sur la côte Caraïbe. Une quinzaine de petits volcans émergent et viennent se placer sur des formations du morne Pavillon.  C'est un véritable écrin de petits volcans à protéger.



Ces volcans présentent les différents types éruptifs que l’on peut retrouver dans le monde. Le morne Bigot qui en fait partie a recouvert les formations volcaniques anciennes de la partie visitée. Du coté Est, les coulées du morne Pavillon sur Trois Ilets et Rivière Salée sont restées à nu.

Une coulée massive de 50 m d’amplitude s’est mise en place et constitue le cap Salomon. D’origine andésitique, de nature visqueuse, la coulée avance très lentement, se refroidit au contact de l’air et au contact du sol. Il se forme alors autour de la coulée une espèce de carapace de roche solide alors que le cœur de la coulée pâteux va continuer à avancer. Puis, la carapace se fragmente, la lave liquide à l’intérieur vient colmater les fissures et durcit à nouveau. Cela se fragmente, cela se colmate, cela se fragmente, cela se colmate etc. Il se forme ainsi une carapace bréchique. Lors du refroidissement la roche diminue de taille et ce retrait de la lave au cours du refroidissement entraîne une fracturation. 









La roche est littéralement concassée par le refroidissement et ces blocs ainsi formés roulent sur les pentes et donnent des éboulis de coulée qui vont être ensuite usés par l’eau pour donner leur forme arrondie. Une coulée massive est toujours entourée d’une carapace bréchique c’est la zone ou la roche a été fragmentée au contact de l’air alors que le cœur de coulée ne subit pas cette fragmentation formant une roche massive.

Le bloc ci-contre, avec ses fissurations désordonnées en croute de pain, ressemble sous toute réserve, à un fragment de la carapace d’une mégabombe volcanique. Une bombe volcanique est un fragment de lave projeté à partir d’un cratère. Une croûte se forme suite au refroidissement au contact de l’air alors que le cœur est encore chaud et riche en gaz. Le gaz, pendant le trajet balistique, continue à entrer en expansion ce qui provoque des craquelures à la surface de la bombe. Une bombe est constituée d'une croûte solide craquelée enveloppant un cœur bulleux ressemblant à de la ponce.


L’origine de son nom tient au fait qu’arrivé au niveau du sol, le bloc explose. Tous les morceaux sont projetés dans tous les sens comme une vraie bombe. Quand les bombes sont toutes petites, elles se conservent bien car elles explosent peu contrairement aux très grosses. C’est pour cela que l’on en trouve très peu dans le paysage. On trouve le plus souvent des fragments de bombes volcaniques.

Le bloc ci-contre présente sur sa surface des sillons ordonnés partant de la partie haute pour se diriger vers le bas. Le bloc a été surcreusé par le ruissellement. Les stries sont organisées dans le sens de l’écoulement de l’eau. Les parties tendres forment des creux tandis que les parties dures donnent des lignes de crêtes. Ces figures cannelées évoquent les figures d’érosion karstique. Sur des blocs de nature volcanique, de telles figures d’érosion en surface portent le nom de rillenkarrens.

L'acacia muricata est un arbre mellifère endémique des Petites Antilles pouvant atteindre une hauteur de 15 m. Son bois est très dur et incorruptible. Ses racines s’introduisent dans les fissures des roches d’éboulis d'où son nom vernaculaire "le tendre à cailloux". Sur les zones les plus rocailleuses, on retrouve cet arbre de manière monospécifique. Compte tenu de la nature du terrain, il est très abondant au Cap Salomon.

Sur les hauteurs, un gommier rouge (Bursera simaruba) au sol nous a dévoilé ses racines traçantes. Elles n’ont pu entrer dans la roche non fissurée de cette partie du sentier. Même les Tendres à cailloux (Acacia muricata) « s’en mordent les doigts » et doivent aussi « tracer ».

Cet arrêt permet de voir au premier plan la pointe Burgos, très connue des plongeurs car elle fait partie des spots les plus populaires de Martinique notamment pour y observer des tortues. Juste derrière, se trouve l’anse Chaudière et en arrière-plan le morne Jacqueline : un bel exemple de volcan décapité. Toute la tête du volcan est partie dans la mer ne laissant de visible que le cœur du volcan. A ses pieds, en bordure de mer se trouve une source thermo-minérale recueillie dans une petite baignoire en pierre. Le lieu est appelé« Dlo ferré ».

Le Cap Salomon tire son nom d’un chef caraïbe Solliman qui en 1620 habitait la région au début de la colonisation. Très bon marin, il connaissait les passes pour accéder à Génipa. Le premier contact entre les amérindiens et les colons était un contact fraternel puisque les premiers marins étaient accueillis en toute convivialité et Solliman dirigeait les bateaux vers des mouillages sûrs (fonds de baie de Génipa) sachant que Grand Anse n’est pas un mouillage sûr. Les colons ont installé une batterie en 1762 pour interdire l’accès à la baie de Fort de France.


De toutes les fortifications de la côte, c’est la mieux placée car on a la confrontation de vents et de courants contraires (courants de la baie et courants du canal de Sainte Lucie) scotchant les bateaux en face du Cap Salomon. Les historiens n'ont pas trouvé de faits de guerre vraiment marquants concernant cette batterie. Elle a visiblement très peu servi. Pour attaquer la baie de Fort de France, il fallait contrôler l’accès terrestre à cette fortification. Le plus souvent les militaires étaient coupés de leur base et ne pouvait venir ici pour l’utiliser.

Les phasmes sont des insectes herbivores. Pour survivre, ils se fondent dans leur environnement en imitant à la perfection des brindilles. Ce camouflage est poussé jusque dans leur façon de se mouvoir, puisqu'ils se déplacent lentement, par à-coups, comme une branche ballottée par le vent. La plupart peuvent également rester parfaitement immobiles pendant des heures. Les gommiers rouges (Bursera simaruba) de par leur prestance et la beauté de leur tronc ne passent jamais inaperçus. Celui ci-contre nous invite à de l’anthropomorphisme..