De probables espèces nouvelles pour la Martinique présentes dans la Presqu'île du Sud-ouest :
Campylocentrum pachyrrhizum
L’espèce est présente aux USA (Floride), Cuba, Jamaïque, République Dominicaine, Porto Rico et au Venezuela. Dans les Petites Antilles, elle est présente uniquement à la Martinique. Cette orchidée rare n’était pas répertoriée et décrite pour la Martinique. Elle est cependant présente en différentes stations sur l’île, aussi bien en zones humides du nord, qu’en zones plus ou moins sèches du sud (Trois îlets, Anses d’Arlet…).
Alors que les fleurs des espèces de la Caraïbe et de l’Amérique tropicale sont généralement décrites de couleur orange brunâtre et rose, celles de la Martinique sont blanches. Cette couleur des fleurs se confirme sur l’ensemble des stations visitées. Les fruits de l’espèce martiniquaise sont d’un vert soutenu quand ceux de l’espèce de la Caraïbe sont orange brunâtre. Les différentes caractéristiques de l’espèce martiniquaise semblent indiquer qu’il pourrait s’agir d’une sous-espèce, probablement endémique.
C'est une orchidée épiphyte, sans feuilles, difficile à détecter car très discrète. L’inflorescence est minuscule et ne dépasse guère 1,5 cm de long. La fleur de 2 mm d’envergure, d’un blanc lumineux, à l’aspect d'une étoile à six branches. Peu après la floraison, les fruits apparaissent systématiquement. Ils sont verts, globuleux et hérissés de poils courts. Elle n’est pas en danger de par sa discrétion et parce qu’elle est méconnue. Cependant, cette méconnaissance pourrait constituer un risque de disparition en cas de perturbation de son milieu. A ce jour, aucune mesure de protection n’a été mise en place.
Espèce épiphyte sans feuilles, aux fines racines gris-vert dressées. Cette plante rare, de bord de rivière a été observée à 100 m d’altitude en forêt moyennement humide et à lumière modérée. Non répertoriée pour le reste de la Martinique et présente dans la Presqu'île du Sud-ouest, elle ressemble végétativement à Campylocentrum fasciola (autre espèce présente en Martinique) mais diffère en ayant des racines filiformes, rugueuses et hérissées de poils courts. Les fleurs de 3 mm d’envergure sont de couleur blanchâtre lavée de verdâtre. La floraison a lieu d’avril à juin. Il pourrait s’agir d’une sous-espèce, non encore identifiée.
Plante épiphyte sans feuilles de taille modeste, possédant des racines aériennes dressées, rayonnant à partir d'un minuscule cœur racinaire. La floraison a lieu sur une ou deux inflorescences de moins de 3 cm de long. Cette espèce non répertoriée pour la Martinique a été observée en forêt mésophile. Les racines aériennes de 1 mm de diamètre et longues de 3 à 8 cm environ sont hérissées de poils minuscules. Les fleurs miniatures, blanc crème, de moins de 2 mm, s’épanouissent à peine. La floraison a lieu de janvier à août. Les fruits minuscules sont cylindriques, de 1 mm de long, nervurés, et parfois légèrement incurvés. Il pourrait s’agir d’une sous-espèce, non encore identifiée.
Espèce terrestre rare, haute de 6,5 à 50 cm, observée en forêt moyennement humide à 140 m d'altitude. Elle porte 2 ou 3 feuilles basales, elliptiques, vert foncé, presque opposées, de tailles différentes. La hampe florale mesure jusqu’à 32 cm de haut et porte une grappe de fleurs positionnées assez lâchement autour de l’axe. L’inflorescence est érigée et présente des fleurs vertes, dressées, recourbées ou renversées. Le labelle brun orangé est plat, réduit à son extrémité en un lobe très allongé et recourbé. La floraison a lieu en décembre. Cette plante non répertoriée en Martinique pourrait être une nouvelle espèce non encore identifiée.
Orchidée terrestre rare, de 11 à 25 cm de haut, observée à 300 m d’altitude en forêt moyennement humide des Anses d’Arlet. Elle porte deux feuilles, ovées à elliptiques, dont l’inférieure est plus grande que la supérieure. L’inflorescence est en ombelle ce qui lui a donné son nom d’espèce. Les fleurs se caractérisent par une taille miniature (moins de 4 mm d’envergure) et la coloration vert brunâtre du labelle présentant souvent un sinus plissé entre les lobes. Cette espèce auparavant citée uniquement de Cuba et de la Jamaïque est également présente à la Martinique. Avant cette découverte, les îles des Petites Antilles n’étaient pas comprises dans la répartition de M. umbelliflora.
Cette étude récente menée par Pierre Courtinard révèle non seulement la présence de nouvelles espèces probables pour la Martinique au niveau de la Presqu'île du Sud-ouest, mais également l’existence de certaines espèces présentes dans les Grandes Antilles et absentes dans les autres îles des Petites Antilles. A ce titre, la Martinique est la seule île des Petites Antilles à répertorier 6 espèces différentes de Campylocentrum : C. fasciola, C. jamaicense, C. micranthum, C. pachyrrhizum. C. Sp1 et C. Sp2.
GA : Grandes Antilles ; PA : Petites Antilles ; ANG : Anguilla ; SM : Saint-Martin ; SB : Saint-Barthélemy ; STK : St-Kitts ; NEV : Nevis ; BRBD : Barbude ; ANTG : Antigua ; MSRT : Montserrat ; G : Guadeloupe ; DR : La Désirade ; MG : Marie-Galante ; ST : Les Saintes ; DMQ : La Dominique ; MA : La Martinique ; STL : Sainte-Lucie ; STV : Saint-Vincent ; GRDN : Les Grenadines ; GRD : Grenade ; BRB : Barbade.
Bien que plus éloignée des Grandes Antilles que les îles du nord, la Presqu'île du Sud-ouest héberge des espèces arborées antillaises non présentes dans ces îles.
L'évolution des distributions constatées dans les tableaux 1 et 2 peuvent dans un premier temps être
interprétées comme étant le résultat de migrations par saut de puce de moins en moins poussées vers le sud à partir des Grandes Antilles.
Pour les espèces figurant dans le tableau 3, il y a une nette coupure dans l'aire de distribution au niveau des îles du nord. La répartition se fait autour de la Martinique. A l'instar de ce qui a été constaté précédemment pour les orchidées, Lonchocarpus roseus et Lysiloma ambigua, espèces antillaises, ne se retrouvent naturellement au niveau des Petites Antilles qu'en Martinique.
L'ensemble de ces observations laisse à penser que la Martinique semble avoir été non seulement une plateforme de réception privilégiée des espèces endémiques antillaises mais également un centre de diversification et de redistribution de ces espèces.
Ceci implique qu'elle ait préalablement reçu ces espèces des Grandes Antilles, par d'autres voies que celles qui existent aujourd'hui, avant de les partager avec les îles se trouvant dans sa périphérie.
Ces faits montrent que, bien qu’elle soit plus éloignée des Grandes Antilles que les grandes îles du nord (Guadeloupe, Dominique) la Presqu’île du Sud-ouest a eu par le passé des échanges privilégiés en direct avec les Grandes Antilles.
Ces échanges ont du se faire par l'intermédiaire de l'Arc externe avant l'immersion des îles du nord qui a effacé toute mémoire vivante de cette connexion passée. S'il en est ainsi la séparation devrait remonter à la fin de l’Oligocène ou au début du Miocène. Cette hypothèse peut être soumise à l'épreuve de la validation par l'étude de la phylogenèse des Campylocentrum répertoriés dans les Petites Antilles et des Campylocentrum pachyrrhizum des Grandes Antilles et du Venezuela.