La plaque Caraïbe est délimitée à l'est par la subduction des Petites Antilles, à l'ouest par la subduction d'Amérique Centrale, au nord et au sud par des zones de coulissage.
Elle s'est formée dans l'océan Pacifique et a coulissé comme un tiroir entre les deux Amériques.
Migration du front de subduction-est au cours des temps géologiques
1) Position au Crétacé supérieur (80 Ma)
2) Position au Paléocène moyen (60 Ma)
3) Position à Éocène moyen (44 Ma)
4) Position à l'Oligocène moyen (30 Ma)
5) Position au Miocène moyen (14 Ma)
6) Position au Pliocène inférieur (5 Ma)
7) Position actuelle.
Au Crétacé moyen (90 Ma)
Le Plateau Caraïbe constitué d'une croûte océanique vraie recouverte d'épanchements basaltiques et sous plaquée de gabbros se forme dans l'Océan Pacifique au niveau du point chaud des Galápagos. Sa formation fait suite à celle d'un grand Arc Mésozoïque Caraïbe (AMC) qui fonctionne déjà depuis 120 Ma. Un proto-océan Caraïbe se forme alors entre les deux Amériques.
Dans les schémas qui vont suivre, de façon à mieux comprendre la formation des Petites Antilles, seule la partie centrale de l'AMC sera représentée autour de ses deux composantes majeures : les Grandes Antilles et la Ride d’Avés.
Au Cétacé supérieur (80 Ma)
Alors que s'ouvre l'Atlantique, la subduction de l'AMC donne naissance aux Grandes Antilles dans la région nord et à la Ride d’Avés dans la région sud.
La partie sud de l'AMC rentre en collision avec la croûte continentale d'Amérique du sud pour former une chaîne de montagne littorale et l'archipel des îles sous le vent.
Par souci de simplification, les phénomènes se déroulant sur la frange nord de l'Amérique du Sud ne seront pas représentés dans les croquis suivants.
Seul le devenir des Grandes Antilles et de la Ride d'Avés sera suivi.
A la limite Crétacé-Paléocène (65 Ma)
La subduction Pacifique est initiée, l'arc d'Amérique Centrale (non représenté) commence à se former.
On a aujourd'hui de bonnes raisons de penser qu'à cette époque que la Ride d’Avés constituait un pont terrestre qui réunissait les Grandes Antilles au continent Sud Américain.
Au début du Paléocène, l'activité volcanique cesse au niveau de la Ride d’Avés. Une fracture longitudinale scinde alors cette ride en deux arcs séparés par le Bassin de Grenade en cours de formation. Ces arcs s’écartent à la manière d'un compas autour d'un point fixe situé au nord, au niveau du Banc de Saba.
A l'Éocène (44 Ma).
Cuba vient buter contre la Plateforme des Bahamas. Dans la zone de contact, la subduction s'arrête et des failles permettant le coulissage du Plateau Caraïbe prennent le relai.
Il y a un arrêt définitif de l'activité volcanique au niveau des Grandes Antilles.
La frange-ouest de la Ride d'Avés n'est plus alimentée par le volcanisme, elle devient plus de plus en plus froide et dense. Elle s'enfonce donc progressivement sous l'action de son propre poids. Des récifs coralliens témoins de l'émersion passée sont retrouvés actuellement à 1 500 mètres de profondeur.
La subduction reprend au niveau de la frange-est donnant ainsi naissance au volcanisme des Petites Antilles.
Au début du Miocène (25 Ma)
La Ride flottable du Tiburon (TR) rentre dans le plan de subduction. L'arrivée de cette bande de hauts reliefs sous marins de faible densité dans le plan de subduction entraîne un blocage de la subduction et un arrêt de l'activité volcanique dans la partie nord de l'Arc externe (Ae), alors qu'elle se poursuit dans la partie sud (Arc intermédiaire). La TR est suivie d'une seconde ride (BR) ; la Ride du Barracuda.
Des factures se forment dans la zone de contact entre les Petites Antilles et les îles Vierges. Les Petites Antilles se séparent par coulissage des Grandes Antilles avec la formation de la Fosse d'Anegada.
Au début du Pliocène, l'activité volcanique reprend dans la partie nord des Petites Antilles avec la formation l'Arc interne (Ai). Elle se poursuit actuellement sur toute la frange caraïbe du nord au sud.
La Martinique offre une belle synthèse de l'histoire géologique de l'est Caraïbe.
Depuis le début de l’Éocène (44 Ma) des arcs volcaniques se sont relayés au cours du temps sur un soubassement correspondant à des formations de l'Arc Mésozoïque Caraïbe qui a fonctionné sur une période comprise entre 120 Ma et 65 Ma. Si l'on prend en compte ce passé volcanique, l'arc des Petites Antilles serait le plus vieil arc volcanique actif du monde.
D'une manière générale, à l'instar de ce qui s'est passé pour les autres segments de l'AMC, les arcs volcaniques ont une durée de vie relativement brève, le plus souvent ils rentrent rapidement en collision avec des marges continentales et participent ainsi à la construction de la croûte continentale. Le segment de l'arc des Petites Antilles a échappé à ce sort et poursuit actuellement son activité. Pour combien de temps encore ?
Dans le coupe synthétique et hypothétique ci-dessous, par souci de simplification, les modifications du socle liées aux différentes remontées magmatiques ne sont pas représentées.