Association Martiniquaise des Amis des Volcans Verts de la Caraïbe

1) Sous-unité des Mornes des hauteurs du Diamant et des Trois-Îlets J.P.FIARD 04/05/2018


Cette sous-unité, qui englobe les versants moyens et supérieurs des Mornes des Pères, Constant, Gardier, du Riz et Fournerey se caractérise par sa remarquable homogénéité topographique, morphologique et écologique. Elle est constituée d’un linéaire de crêtes d’altitude similaire (autour de 400 m d’altitude), orienté est-ouest et présentant deux versants fortement contrastés.

Le versant nord est, abrupt ou à très forte déclivité au dessus de 200-250 m d’altitude, humide, entaillé de plusieurs ravines étroites et confinées (Ravine Pavée, Ravine Thoraille, Ravine Caverne, Ravine Caïmit) propices aux inversions de végétation.


L’analyse de la végétation, celle des cartes et des photographies anciennes, révèle que sur ce versant et au dessus de 250-300 m d’altitude, la forêt a certes été endommagée, peut-être même fortement, mais n’a jamais été coupée à blanc.

Le versant sud par contre est de pente beaucoup plus douce, surtout vers le haut des mornes. Il se montre plus chaud, plus sec, davantage habité, et a été défriché et cultivé très haut dans le passé, sauf entre le Morne Gardier et le Morne du Riz où la coupe à blanc de la forêt primitive semble ne pas avoir dépassé la courbe des 300 m.


En effet, la présence massive de gros et vieux Balatas : Manilkara bidentata à partir de ce niveau est inexplicable si l’on suppose une coupe à blanc totale de ces arbres sur tout le secteur en question et jusqu’à la ligne de crête. Cette essence produit des fruits relativement lourds et donc à faible potentialité de dispersion et des régénérations qui ne peuvent survivre que sous une ombre dense.

Dans ces conditions et en partant d’un sol nu, un retour à un stade terminal de la forêt est presque impossible, exige plusieurs siècles, sans doute au moins deux ou trois et une cessation de toute dégradation anthropique sur toute la durée ultérieure de la reconstruction. On voit donc mal comment, dans l’hypothèse d’une coupe à blanc totale, même très ancienne, une aussi belle forêt de Balatas pourrait exister aujourd’hui dans ce secteur. En outre, plusieurs autres espèces arborées de stade final de la dynamique forestière accompagnent aussi les Balatas : Myrcianthes fragrans, (Bois pelé), Hymenaea courbaril (Courbaril), Syagrus amara (Palmier petit coco), Guarea glabra (Bois pistolet), Oxandra laurifolia (Bois de lance, contracté en Bois de lan) pour lesquelles il faut développer le même genre de raisonnement.

L’ensemble de cette sous-unité, qui dans une grande partie d’elle même a conservé plusieurs essences de la forêt primitive, relève donc de la forêt sempervirente saisonnière tropicale secondaire d’horizon intermédiaire et à présence d’éléments relictuels du climax*.

climax : en écologie, le climax est un état théorique dans lequel une communauté végétale a atteint un état d'équilibre stable et durable avec les facteurs édaphiques (liés à la nature du sol) et climatiques du milieu.