Sentier de 1,5 km aller-retour. - 2h - Dénivelé: 40 m. Départ au niveau du parking de la plage de Petite Anse complètement à droite. Un panneau bien visible indique « D’lo ferré ». Monter la route abrupte (5 min). Emprunter le sentier à gauche, indiqué par un panneau. A la prochaine bifurcation, descendre à gauche pour arriver sur une plate-forme qui conduit à la plage et au petit bassin sur la gauche aménagé pour recueillir une source thermale en bord de mer.
On peut observer deux lignes de crêtes sur flanc sud du morne Jacqueline, une en arrière plan qui donne au morne sa forme en pointe bien acérée et une autre qui part du sommet du morne en passant par la zone dénudée et qui nous fait face. Ces lignes dessinent sur la gauche une cicatrice en forme de cuillère qui témoigne d’une histoire particulière que nous allons découvrir.
En saison des pluies, la forêt est d'un vert intense.
Cette forme caractéristique en cuillère est la conséquence d’un méga glissement. Ces déstabilisations de flanc de volcan sont des phénomènes relativement fréquents dans les Petites Antilles. A ce jour, le morne Jacqueline n’a pu être daté car les roches volcaniques ne sont plus saines, elles ont été altérées par des remontées hydrothermales. L'existence d'une pointe non érodée et la bonne conservation de la cicatrice de glissement laissent à penser que cette déstabilisation de flanc est très récente..
Il s'agit d'une formation forestière de type forêt sèche littorale à feuilles caduques dans son faciès le plus sec. Des pionniers arborés, Gommier rouge (Bursera simaruba) et Poirier pays (Tabebuia heterophylla), participent à la recolonisation du site qui a probablement fait l'objet d'une coupe à blanc par le passé, L'activité de pâturage maintient par endroits une savane peuplée de graminées.
En arrière plan, on peut aussi admirer le stratovolcan du morne Larcher avec le village de Petite Anse à ses pieds.
Ce dyke est une remontée magmatique quasiment verticale qui recoupe des formations géologiques préexistantes d’andésite. Les roches grenues (dont les minéraux sont visibles à l’œil nu) qui le constituent résultent d'un refroidissement lent en profondeur. Il s'agit d'un filon de diorite (roche magmatique de profondeur) qui été mis à nu par le méga glissement. C'est le seul gisement de ce type répertorié en Martinique. La présence de ce filon en surface permet d'imaginer de l'importance de la décapitation qui a affecté le morne Jacqueline
En arrivant sur la plage, on découvre un véritable foisonnement des couleurs : brun, rouille, beige, jaune, orange, gris, etc. Ce sont des andésites très altérées et fracturées. L’altération a une double origine : une d'origine superficielle par les eaux de pluie et une autre, beaucoup plus importante d’origine hydrothermale. L’andésite en inter-réagissant avec les remontées d’eau chaude au travers des fissures se transforme en argile et des ions sont libérés. La précipitation des hydroxydes de fer explique en grande partie ses couleurs.
De la plage, face à l’escalier, sur la gauche, on peut observer une zone où l’on perçoit de l’humidité. C’est un orifice de sortie de l’eau thermale encore appelé griffon. La roche est colorée par des dépôts sulfatés et du gypse. A certains endroits, on pouvait aussi également trouver des dépôts de soufre, témoignages d'une activité fumerolienne mais ceux-ci ont disparu. De nombreux griffons sont observables en longeant la côte en direction de Petite Anse par marée basse. Il suffit de poser les mains sur la paroi rocheuse pour en profiter.
Le plus important des griffons est canalisé dans un petit bassin aménagé permettant de profiter des propriétés thermales de l'eau connues des habitants de Petite Anse. L’eau des sources chaudes arrive en surface à une température de sortie de 35°C. Certaines données montrent l’existence d’une poche d’eau à 200°C à 2 km de profondeur. Dans le sous-sol, la confluence entre une couche d’argile faisant office de toit étanche et d'un mur latéral formé par le dyke de diorite constitue le point d'émergence de ces eaux hydrothermales.
Des précipitations de silice dans les andésites fissurées parsèment le site et témoignent d'une activité hydrothermale passée de haute température.
Le morne Jacqueline est très probablement un volcan extrêmement jeune, Les fortes concentrations de gaz d'origine magmatique (hélium) dans les gaz émis par bouillonnement (champagne) au milieu de la baie témoignent de la présence d'une chambre magmatique encore très chaude en cours de refroidissement.
En remontant le sentier et en prenant à gauche à l’intersection en direction du Trou Jacqueline, la rencontre avec des éboulis de brèches volcaniques témoignent d’une activité antérieure du Morne Jacqueline avec une activité explosive phréatomagmatique. Ces brèches contiennent des enclaves de cumulats gabbroïques (autre roche grenue de profondeur). Ils arrivent en surface par ramonage de la chambre magmatique. L'ancienne cheminée est matérialisée par un "pipe" (mot anglais signifiant tuyau) à flanc de morne sur le littoral.