La colonisation de la Martinique s’est accompagnée d’un véritable effondrement de la biodiversité de l’île, à ce titre elle peut également être qualifiée de crime contre la biodiversité primaire de l’île. Les intérêts économiques et l’augmentation de la population humaine ont eu comme conséquence immédiate d’exercer de nombreuses pressions sur les milieux naturels, mais le plus souvent ces pressions s’ajoutent les unes aux autres et s’amplifient mutuellement. Au nombre de celles-ci, on peut citer des agressions directes par la chasse, la contraction de milieux naturels et les retombées perverses des déséquilibres écologiques liés à l’introduction d’espèces et à la pollution. Ces pressions anthropiques sont venues se superposer aux catastrophes naturelles, cyclones et éruptions, qui exercent régulièrement des effets non négligeables. La disparition du Rat pilori résume bien les effets de ce cocktail explosif : chasse, contraction des milieux, introduction de compétiteurs (rat noir et surmulot) et catastrophes naturelles.
Ce rat gros comme un petit chat a disparu de la Martinique essentiellement à cause de la chasse. S’il n’est pas possible de mesurer les conséquences de la pression de prédation qui a été exercé par les populations amérindiennes, celle exercée par l’arrivée des européens et des africains a grandement contribué à l’effondrement de sa population. Après la destruction de la forêt originelle de l’île, il s’est adapté aux champs de canne à sucre également colonisés par des compétiteurs invasifs. L’éruption de 1902 a parachevé la destruction des rescapés qui survivaient sur les contreforts de la Montagne Pelée.
De la famille des Leiocephalidae, l’ « Holotropide de l’Herminier », grand lézard endémique de la Martinique mesurant environ 30 cm de long, fut décrit par Duméril en 1837. Il a disparu de notre île à la fin du 19ème siècle. L’Homme est le responsable de son extinction. Cependant, il ne fut officiellement déclaré éteint qu’en 2015. Seul cinq exemplaires de cette espèce sont conservés dans différents musées. Le genre « Holotropide » est encore présent dans certaines îles des Antilles. La queue courbée est caractéristique de ce genre de lézard.